•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Des espadrilles à 650$ qui ne durent que le temps d’un marathon

Photo de la chaussure sur fond blanc

Le reportage de Jean-Philippe Martin

Photo : Adidas

L’industrie de la course à pied n’en est pas à sa première lubie technologique, mais une nouvelle chaussure mise sur le marché par Adidas a de quoi faire sourciller. Vendue à 650 $, ce qui en fait l'espadrille la plus chère au monde, la Adizero Adios Pro Evo 1 a une durée de vie d’un seul marathon.

Le concept, c’est d’avoir voulu faire la chaussure de marathon la plus légère qui soit, mais la plus performante qui soit aussi, décrit Jimmy Gobeil, copropriétaire de la boutique Le coureur nordique, à Québec.

On parle d’une chaussure avec une plaque en carbone et une nouvelle génération de mousse qui, contrairement à toutes les autres chaussures sur le marché, n’est pas compressée pour avoir plus de résistance. Elle est donc remplie d’air et elle rebondit vraiment beaucoup, mais elle n’aura pas la durabilité d’une autre chaussure du genre.

Dépouillé de sa protection contre l’abrasion, le nouveau soulier ne pèse que 138 grammes, du jamais-vu. Sauf que la mousse s’use tellement rapidement qu’elle ne garde ses propriétés que pour un seul marathon, soit 42,2 kilomètres.

Tu peux l’essayer un peu pour être sûr que tout est correct, mais je dirais qu’il ne faut pas faire plus de 10 kilomètres avant de prendre le départ. Tu la sors seulement le jour de la course, relate Jimmy Gobeil.

Pas pour les coureurs du dimanche

Y a-t-il vraiment un marché pour une espadrille à 650 $ qui ne peut être utilisée qu’une seule fois?

Difficile à dire puisqu’Adidas met son nouveau modèle sur le marché au compte goutte depuis son dévoilement au marathon de Berlin, en septembre, où l’Éthiopienne Tigst Assefa le portait lorsqu’elle a écrasé le record du monde féminin.

Une marathonienne court pendant une compétition, des spectateurs sont sur le bord de la route.

Tigst Assefa à Berlin

Photo : Getty Images / ODD ANDERSEN

Sans surprise, le coût environnemental d'une chaussure si éphémère a depuis valu à l'équipementier allemand sa part de critiques de groupes environnementaux. C'est sans compter le prix qui a de quoi décourager bien des acheteurs.

Au Coureur nordique, les douze premières paires de Pro Evo 1 reçues cette semaine ne se sont pas envolées, note Jimmy Gobeil, bien que seulement quelques boutiques au pays en ont en magasin. Quatre paires ont été vendues en quelques jours.

Même Adidas le dit, ce n’est pas une chaussure pour courir plus de 3 h 30 au marathon. Il faut aller quand même assez vite et toucher le sol sur l’avant-pied d’abord pour retirer les bénéfices de cette chaussure-là.

Entre innovation et lubie

Personnellement, je ne payerais jamais 650 $ pour économiser quelques secondes. Les gens doivent se demander s’ils sont des coureurs de très haut niveau pour qui chaque seconde compte ou s’ils veulent seulement la chaussure à 650 $, estime pour sa part Blaise Dubois.

Le fondateur de La Clinique Du Coureur mène depuis longtemps une croisade contre les chaussures de course maximalistes dont les semelles n’ont jamais cessé de grossir ces dernières années. Le tout au détriment du portefeuille et de la bonne foulée des coureurs, plaide le physiothérapeute de formation.

Portrait de Blaise Dubois souriant à un homme, qui est de dos.

Le physiothérapeute Blaise Dubois s'est bâti une réputation internationale depuis la création de la Clinique du coureur.

Photo : Gracieuseté : La Clinique du coureur

Il reconnaît toutefois à la nouveauté d’Adidas sa légèreté sans pareil. Ils ont réussi à enlever encore une quarantaine de grammes à ce qui existait avant. Ça, c’est vraiment intéressant pour la performance, mais on pourrait en enlever encore plus en amincissant la semelle. Le problème c’est que les coureurs sont devenus un peu dépendant de l’amorti et des grosses chaussures.

Quant à Jimmy Gobeil, il admet que le nouveau modèle d’Adidas est d'abord et avant tout un trip.

Est-ce que ça vaut 650 $?Je pense qu’il ne faut pas trop y penser. Quelque part, c’est un peu une pièce de collection et il n’y a rien qui équivaut à ça en terme de sensation et de poids. C’est cher, mais il y a des gens qui font du ski alpin et du vélo et qui sont habitués à payer encore vraiment plus cher que ça pour de l’équipement.

Avec les informations de Jean-Philippe Martin

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Sports

Analyses, chroniques et bien plus encore! Suivez l’actualité sportive au-delà des résultats.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Sports.